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Mercredi 14 novembre
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Conmovedor(11)La fin d'une idylle
Si vous êtes attentif dans votre vie vous décellerez parfaitement quels sont les moments qui ont déterminés des éléments importants de votre vie.C'est comme ça pour les mariages,les naissances...pour tout événement fort porteur d'émotion intense.
Mais ces exemples génèraux n'ont pas de valeur pourtant,l'émotion c'est si...personnel...parfois on est comme du crystal et on se brise sur un souffle d'adieu quand l'autre laisse le silence vous enlasser comme ses bras le faisaient auparavant...Mais commençons par le début après tout.
Nous sommes le matin du vendredi 9 novembre et mon téléphone portable sonne.Conmovedor est à l'autre bout du fil,sa voix est relativement éteinte,je le sens préoccupé.Aussitôt me revient en mémoire cet au revoir précipité entre nous la veille au soir lorsqu'Elle a appellé lui demandant de rentrer pour parler...Déjà avais-je pressenti cet orage et le regardant s'éloigner je priais pour que ce ne soit pas la dernière fois qu'il passerait le seuil de ma porte...
Le verdict tombe: elle a découvert notre correspondance sur sa boîte e-mail,les messages plutôt enflammés que je lui ai envoyé...il tient à ce que nous en parlions en face lorsqu'il viendra comme prévu me voir le soir même.Je réponds faiblement que la discussion risque de m'être désagréable sur un fond d'interrogation.Il laisse vaguement s'échapper un "oui" et nous devons raccrocher vu qu'Elle ne va pas tarder à revenir.
Premier moment d'échappement total,je ne ressens rien,je regarde fixement un point à l'horizon tandis que des larmes inondent mes joues en silence.Crystallisation....L'avenir n'est plus très loin.
Après midi douloureux passé à imaginer la discussion du soir,à pleurer immédiatement que son visage apparaît sur mon pc ou dans des souvenirs que je ne peux empêcher de ressurgir.Tous nos sourires,nos baisers:les tendres,les fougueux,les furtifs,les doucereux,les volés,les immortels...et ces jeux et ces rires que nous avions emportés pour colorer la vie d'amour.La passion charnelle qui nous unissait à en perdre la raison de désir,à partir en pleine nuit se rejoindre faire l'amour sans retenue ou pudeur,offrande parfaite et totale,orgasmique.Cette drogue dangereuse qu'est l'éclosion perpétuelle à l'autre,le laissant pénétrer ses chairs et son âme.Installer une flamme en vous qu'on se doit de sauvegarder face aux atteintes de toutes natures.Devenir l'agneau et la louve,l'étreinte pure dans le vice...
Tout cela ne faisait qu'alimenter mes larmes dans la solitude de ma maison,jusqu'à 19h impossible de se concentrer plus de 10 minutes sur le film que je tentais de me forcer à regarder pour ne plus me laisser hanter,la rupture se rapprochant.Il m'a semblé que l'heure de partir n'arriverait jamais et finalement rendez-vous était pris sur un lieu de travail où je l'avais accompagné plus d'une fois.Ne restait que son coup de fil pour confirmation (20h) à attendre.
Il est 20h30,je n'ai toujours aucune nouvelle ce qui me surprend légérement.Est-ce annulé?A -t-elle pris son portable pour vérifier qu'il avait coupé les ponts avec moi?Est-elle allée jusqu'à le suivre sur son lieu de travail pour vérifier que je ne viendrais pas l'approcher?Tout est envisageable avec une femme,c'est la règle principale qu'il ne faut jamais négliger quelque soit le domaine et encore plus lorsqu'il est question d'un homme.
Allez Rachel,peu importe,je sais que tu crainds cette discussion mais tu te dois d'avoir le courage d'affronter la situation bien en face.Pense à Phèdre,pense à Antigone...pas pour leurs personnages mais parce qu'enfant je lisais ces histoires là,les héroïnes tragiques m'ont toujours passionnées,je les admire pour la dignité dont elles font preuves,ce sont des exemples à tenir jusque dans leurs apparents défauts.
Puisque le mot "fin" va s'inscrire je ne veux pas laisser le souvenir d'une midinette faible qui se laisse couler mais celui de la personne que j'ai été dans la relation,bien meilleure,plus à la hauteur de ce que nous avons partagé.L'amour est noble et on se doit de lui faire honneur,même si le coeur éprouve la peine,il faut conserver la fierté de ce qui a existé.Voilà ce que je voulais exprimer par l'apparence et ça me semblait important(obscession féminine?névrose personnelle?^^).De plus ce "déguisement" me donne l'assurance du personnage que je vise,je sais que c'est un petit placebo personnel mais ça me fait du bien de le penser,de me nourrir chez eux pour me constituer une armure.
Me voici vêtue sobrement,presque toute entière en noir,jusqu'aux gants que je porte.Ma crinière sauvage retenue en une queue de cheval sérieuse et hautaine.Mes yeux maquillés d'un trait précis noir,légérement poudrés qui se dessinent dans la nuit telle des yeux de chatte.Les lèvres pulpeuses sont à peine rosées et quelques paillettes se contentent d'insolemment provoquer au moindre début de luminosité,attirant le baiser.Le teint est parfait,moi qui me maquille peu ces dernières années je suis plutôt fière de ma préparation.Je me sens belle,telle que j'étais peut-être 40 kilos en arrière comme quoi c'est vraiment mental tout ça.
Voilà je suis prête à l'affronter,le masque est préparé,je ne suis là que pour accomplir un "devoir",la douleur aura le droit d'exister une fois que j'aurais quitté cet endroit.
Ecart de destin,en grimpant la côte un scooter s'arrête à mon niveau pour me demander un renseignement auquel je ne peux pas répondre(j'ignore même le nom de la rue dans laquelle je me trouve tiens),l'homme a une petite trentaine et un visage des plus charmants.Il me demande une cigarette et me demande ce que je fais ici.Il me complimente sur ma beauté et m'invite à prendre un verre.Je réponds que je rejoints mon fiancé(restons prudente)et l'homme me dit qu'il a bien de la chance car je suis tout à fait charmante.J'avoue avoir été flattée car plus habituée depuis plusieurs années à ce qu'on me remarque...encore moins positivement comme ça.Il me remercie très poliement et repart non sans ajouter qu'il aurait apprécié discuter autour d'un verre avec un sourire teès séduisant.J'ai senti encore un peu plus de cette force manquante monter en moi pour trouver le courage de rejoindre Conmovedor.
J'essaye de l'apercevoir par-dessus les murs et grimpe la côte,me voilà par-dessus un muret accrochée à des barreaux tentant d'attirer son attention discrètement,le chien me remarque lorsque je siffle et enfin je l'aperçois se diriger vers moi:il est seul je suis soulagée.
Lui:
"C'est toi,j'ai entendu siffler,pourquoi ne m'as-tu pas appellé?"
Moi
"Pourquoi ne m'as-tu pas appellé toi?Tu m'avais dit le faire pour il y a deux heures,j'attendais...J'ai décidé de venir quand même."
On sent la gène des gens qui ont une chose difficile à se dire...il vient m'ouvrir et dépose un baiser sur mon front.Nous montons et nous asseyons côte à côte sur les marches d'un vieil escalier.Le tremblement de ma voix lorsque je lui ai parlé au départ s'est estompé laissant place à un ton calme,une voix qui n'exprime aucun sentiment tout comme lui.Il m'explique ce qui s'est passé,la réaction lorsqu'elle a tout découvert,son coup de fil à la famille de Conmovedor qui l'a incendié aussitôt lui reprochant un comportement irresponsable etc.Un orage a grondé dans cette famille et la colère s'est mélée à la suspicion.Ses propres parents l'espionnent,ayant même vérifié auprès de son employeur s'il travaillait effectivement!
Cela m'a profondément choqué,d'une part les difficultés de ce couple ne les regardent pas,de plus ce numéro de "l'épouse outragée" quant on sait que sa propre infidèlité est la mère de notre rencontre me révolte mais bien sûr eux l'ignorent puisqu'il a toujours refusé d'en parler à sa famille.Grand tort lui en a pris le voilà pris au piège d'une femme qui refuse de le laisser partir,sa famille à dos,il va tout perdre s'il ne se plie pas...
Alors nous devons cesser notre relation,je n'argumente même pas contre car je vois l'impasse devant nous et parce qu'aucun mot ne semble vouloir franchir le seuil de mes lèvres.Je ne réponds que par des phrases simples sans intonations,aussi mortes que l'est mon coeur dans ce moment pénible.Il a ce même détachement et nos yeux jamais ne cherchent à se croiser.Puisque c'est fini il n'a plus rien à perdre et j'ose demander la vérité sur ses sentiments:
Moi:
"Tu l'aimes toujours reconnais le"
Lui:
"Le problème c'est que je vous aime toutes les deux mais pas pareil"
Il a plus de tendresse pour cette femme dont il a partagé huit ans de sa vie et qui est la mère de son fils que d'amour,ça non,il m'aime moi et je comprends parfaitement le sens de ses paroles.Nous sommes dans la confidence quelque part,l'Amour c'est vraiment à part et je suis seule à jouir du domaine de ces sentiments là.
Pourtant il nous faut cesser et je n'arrête pas de me dire"Pourquoi faut-il que je perde tous les hommes que j'aime?"Cruelle injustice qui laisse échapper la vraie douleur .Je le prends dans mes bras et les sanglots commencent je ne peux les contenir.Je pleure silencieusement pendant plusieurs minutes il me serre plus fort,inutile de parler,je ressens ce qu'il ressent par ses gestes.Les yeux embués de larmes,fragile je dépose un baiser sur ses lèvres en lui disant que je l'aime.A nouveau les larmes coulent et les baisers s'accumulent.
Enfin je me calme un peu,ce moment d'émotion intense,de partage a libéré peut-être nos façons de s'exprimer.Nous reparlons à nouveau de la situation longuement et plus la discussion avance plus je prends conscience que nous séparer est trop difficile.Moi qui pensais partir rapidement pour notre bien à tous les deux,j'en suis incapable.
Je veux cet homme,j'aime cet homme,on doit pouvoir surmonter,y arriver encore.
Lui:
"Je ne vois pas d'issue,comment faire...à moins que..."
En une fraction de seconde j'ai compris ce à quoi il pensait et l'espèrance d'entendre les mêmes mots me suspend à ses lèvres,attendant la suite...
*****(à suivre prochainement)*****
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