Ce matin,8h30 je suis dans ma voiture sur un parking,vitres ouvertes une cigarette aux lèvres.Je consume encore une fois ma vie en pensant,les yeux dans le vide,non loin du soleil qui rase l'horizon.

On a travaillé cette nuit,je suis satisfaite de me sentir à nouveau un peu utile,les hommes c'est bien,le travail c'est autre.Une centaine d'autres personnes,des sympas,des moins sympas,bien sûr quelques regards,peut-être même un certain succès auprès du garçon avec qui je travaillais un moment mais peu importe.

On a fait parti du système cette nuit,j'ai presque honte d'éprouver la satisfaction du travail accompli en participant à une certaine mascarade.


En fait je vais bien,je repense juste sans cesse à mon dernier entretien avec ma psy.Ca m'inquiète un peu parce que je vois sans comprendre(ce que je déteste le plus),je me souviens là de cet aspect,de la réaction,je comprends les conséquences alors pourquoi la cause me semble silencieuse et indigne d'une explication?

Un peu de blabla d'une nuit et d'une journée sans dormir,juste repenser à ce que je me suis toujours targuée de ne pas avoir vécu,échapper au regret,d'aileurs pourquoi en faire un tel point d'honneur?

Croire qu'on contrôle peut-être?Mais j'ai choisi,peut-être plus comme font les chiens,attaquer avant qu'il n'attaque,pour ne pas être encore dans la soumission des choix de l'autre...

Merde,pourquoi suis-je adulte?Et pourquoi après l'avoir souhaité pendant 19 ans je me retrouve de plus en plus nostalgique?C'est con la nostaligie ça te fait croire que tu regrettes ton passé alors que tu ne regrettes que des mirages et des inventions.


C'est juste ça,il me manque mon passé de rêve,je veux réessayer,je veux effacer beaucoup mais je ne peux pas.

Le téléphone sonne,une voix masculine  plutôt enjouée demande"si tu comptes t'échapper in extremis cette nuit aussi".La voix féminine part d'un grand éclat de rire en assurant que ce ne sera pas le cas.


-Il est taquin,il me ressemble,bien que je ne le souhaite pas,je lui trouve un charme grandissant-


Depuis une dizaine de jours(voir article 2 pour la date),il ne se passe pas 24h sans que nous nous parlions,il me laisse des petits mots sympatiques,me raconte ses journées etc.
C'est nouveau pour moi mais j'apprécie à vrai dire cette sorte de "fausse intimité",je commence à accepter l'idée que nous nous sommes embrassés et que nous revoir inclue de renouveller l'essai ou de l'abandonner...


J'ai envie de le revoir cette fois et à vrai dire de ne pas trop anticiper, mesurer les conséquences de mes actes et paroles sans cesse etc.


Nous nous retrouvons dans un restaurant asiatique type fast-food tous les deux et là l'interrogation cruciale de "la deuxième fois",baiser or not baiser?(Je parle de"bisou" pour ceux dont l'esprit s'égareraient à cette lecture;))


Il ne me laisse pas paniquer longtemps et pose ses lèvres sur les miennes dès qu'il se trouve à la bonne distance,je lui souris,limite soulagée.Ayant oublié quelque chose dans sa voiture,nous y retournons et je sens une main se glisser dans la mienne,m'entraîner doucement vers le véhicule.L'impression de flotter,ce détail insignifiant qualifié de normalité par tellement de gens représente tellement pour moi.Après tout ce temps à vivre dans l'ombre ou la pénombre selon les hontes de chacun,entrer en scène ne m'est plus naturel mais merveilleux.Le soleil se couche sur la Méditerranée,ses yeux sont plus bleus que l'azur,je prends une photo dans ma tête de cet instant.


Dans la queue du restaurant nous nous chamaillons,nous embrassons,nous taquinons,très complices nous faisons sourire  les couples à nos côtés qui se regardent autrement par la même occasion.


Pour les disséqueurs comportementaux qui se poseraient la fameuse question sur qui a payé,cela a été le commencement d'une longue série que nous n'avions pas fini d'étoffer:le quiproquo!^^


Je n'osais pas trop lui dire que je voulais payer ma part,on ne sait jamais comment cela va être pris et j'y met un point d'honneur car je n'aime pas du tout le principe de la dondon à séduire,on est pas prostituée,pétasse ou profiteuse,on est femme et on s'assure le même respect que celui qu'on a nous envers lui,je trouve que c'est une bonne façon de le montrer indirrectement.(Oui j'aime beaucoup la symbolique et je comprends que ça aille un peu loin là mais ça me fait plaisir:)).Au moment où il sortait un billet je lui ai glissé donc un timide"tu sais,je peux aussi payer".


Arrivé à la caisse il ne bouge pas,moi je possède pile l'argent de ce que je vais manger et je comprends qu'il a cru que je voulais payer pour nous deux...sauf que je n'ai pas autant de liquide sur moi et qu'ils ne prennent les cartes qu'au-delà d'une somme plus élévée que ce que nous mangeons.Regard vers lui avec yeux paniqués et bafouillement d'un "j'avais pas saisi que..."enfin nous nous comprennons et il finit par payer pour nous deux avec sa carte(bien joué Rachel,c'était fin devant tout le monde...).Il refusera par la suite que je lui donne au moins les sous que j'avais en main.Libèral le Conmovedor qui laisse payer mais bon prince quand même,un point supplèmentaire pour lui.


Le dîner se déroule bien,plus de séduction que lors de notre premier rendez-vous,là je désire le séduire et y parvient ça se remarque.On se plaît,on se cherche,on rit,on s'apprécie,on a une détente et une complicité limite amicale mais le fond est bien diffèrent,parsemé du désir d'accrocher d'autres baisers.Je lui fais mes yeux de chatte et le destabilise gentillement.Moi qui n'était pas interressée!


Nous partons digérer en marchant quelque peu sur la plage,et finissons allongés tous les deux sur le flanc,je gigote un peu comme toujours(problème de cheveux,ah ces nénettes alors...),il me regarde affectueusement comme une petite chose à côté de lui,totalement omnubilé par mon visage,mes lèvres et ma poitrine quelque peu soulignée par le décolté de mon haut.Je ne peux m'empêcher de méler mes lèvres aux siennes.Est-ce sa gentillesse inhabituelle?Est-ce juste cette complicité inexplicable?Tout ce que je sais c'est que je n'aspire qu'à toucher ce rêve sans réfléchir.

 

Par contre les vieux touristes anglais eux auraient tendance à me gâcher le fantasme :D et leurs jacassements sur le banc au-dessus me fatigue,on a le même désir,être seuls.Seulement là,en été c'est assez dur il faut s'enfoncer dans les terres ce que nous faisons,la fameuse"Campanette".

Loin,une zone industrielle et soudain dans un renfoncement une allée de vignes qui mène plus loin à une villa.L'endroit désert parfait,il fait nuit,personne ne passera on peut boucher l'allée en y mettant la voiture...le noir total,lui et moi,la musique,une nuit qui commence.